
Pendant que certains[ entre deux malversations frauduleuses à base d’armes et de pognon avec d’autres dangereux personnages, pour toujours plus de gloire et de pouvoir ] se démènent pour forcer la SNCF à assurer un service minimum en cas de grève; d’autres se demandent à juste titre s’il serait possible qu’ils assurent un service minimum en cas de non-grève.
Les premiers sans nul doute ne sont plus usagers, depuis belle lurette, le yacht ou le jet privé étant quand même bien mieux adaptés au standing dont ils rêvent depuis qu’ils sont haut comme 3 pomm..heu..., enfin depuis qu’ils sont peti..., heu bon.. depuis qu’ils sont jeunes.
Pour les seconds, usagers à leurs heures, faute de pouvoir se permettre mieux, c’est le luxe intégral 1/ d’avoir de vraies vacances 17 jours youhhhoooouuu!!! 2/ de pouvoir se payer au moins un billet de train pour rentrer chez soi aprés quelques jours tant désirés et mérités auprés de son amoureux dans une ville de hum hum, de rrr, hum-hum.. de rrrêevees...bref...
Oui pour moi c’est un luxe de me payer un billet La Rochelle-Toulouse.
Qui dit luxe, dit exigences, n’est-ce pas?
Alors me voilà, aprés une intéressante visite du grand aquarium de La Rochelle, sur les quais de la gare à 15h58, la mort dans l’âme, la larme à l’oeil sur le point de grimper dans le train du retour et de laisser mon amoureux, lui-même partagé entre la tristesse de me quitter et l’empressement de retrouver son véhicule non-acquitté de la somme que réclamait l’horodateur...
Je monte donc à bord du train corail-intercités 3835 en provenance de Nantes, à destination de Toulouse.
Je m’installe inconfortablement à côté d’un jeune homme déjà bougon, constatant hélas que ma place réservée sur internet côté fenêtre est prise par une pseudo bourge cul-pincé accompagnée de son mec trop vieux et moche, et sûrement trés riche pour être honnête. Je n’ai pas envie de me bagarrer, je capitule.
Autour de moi une vieille crésselle bavarde (genre marseillaise) saôule le pauvre ado malencontreusement assis à côté d’elle, en l’assaillant de questions et de remarques dont il se fout éperduement. il répond poli, lui aussi capitule.
Derrière moi 2 racailles, dont je finis rapidementpar connaître les prénoms puisqu’ils le hurlent toutes les 5 secondes, ou pour s’appeler mutuellement et se chambrer, ou dans leur téléphone : “Ouaich gros? C’est Hassan. ça va ou bien? Ouaich on est dans l;e train, dans le train ouaich gros.”
Ils croient sûrement que forcer tout le monde à écouter le dernier titre de R’N’Bouze à fond depuis leurs téléphones bling-bling de m..... est un moyen de sociabiliser...
Mon voisin bougon, bouillonne d’envie de leur dire d’arrêter de faire chier, car le voyage est déjà suffisament difficile comme ça.
Nous capitulons.
Au bout d’une demi-heure de bouffées de chaleur, à avoir fait chier l’ado innofensif, la vieille cresselle, capitule et demande au pauv’ contrôleur qui distribue de l’eau pourquoi il fait à peu prés 65° dans le train et pourquoi la ventilation ne marche pas?
Il capitule et avoue: il n’en sait rien, tout ce qu’il sait c’est que ça ne marche pas...
Trop de chaleur et de capitulations, je capitule et m’endors pour quelques courtes minutes...
Les racailles finissent par me réveiller avec le dernier titre de R’N’Bouze pour la énième fois... No Comment.
Aprés un court arrêt en gare de Bordeaux, alors que je décompte les minutes qui me séparent de Toulouse et de mon chien, le train repart pour une vingtaine de minutes seulement, car soudainement, doucement mais sûrement le train s’arrête au milieu de nulle part...
Aprés quelques minutes de silence et alors que les esprits s’échauffent, un message masculin, maladroit, hachuré, avec un fort accent du Sud, est crachouillé dans les hauts-parleurs:
“Mesdames, Messieurs, hum, nous sommes actuellement arrêtés en pleine voie pour quelques minutes, en raison de hum, un problème, hum, technique. Merci de ne pas descendre sur les voies. Nous vous tenons hum informés.”
Il est 19h35, mes espoirs pourtant imprimés sur le billet d’être en gare de Toulouse à 20h50 s’évaporent en même temps que la patience des voyageurs.
Sur ce, un contrôleur passe en courant, transpirant...
C’est le début des piapiatages que je hais:
La vieille cresselle : “- Ah ben voilà, on va être en retard, pff, franchement ils auraient pu s’arrêter en gare s’il y avait un souci... Allo Jeannette c’est Odette, écoute je serais en retard, tu sais hein pff la SNCF...blablabla”
Mon voisin de siège: “- grmmblll, grmmblll”
Mouloud : “ Wooo Hassan, hé ho Hassan, Wooo Hassan vient on va s’en griller une, hooo Hassan, zyva tu lui téléphonera aprés à ton cousin, Téma on peut l’ouvrir la porte, wooo Hassan...”
Hassan : “Attends fais pas chier j’envoie un texto, tu m’saoûle, vas-y la cramer ta clope!”
Moi intérieurement:
“ Bon sang, qu’est-ce que je fous là, sortez-moi de là je vais crever, vos gueules les mouettes!... J’ai faim.”
Une demi-heure plus tard, alors qu’une autre vieille cresselle d’un autre wagon a décidé de faire chier en signalant à tout le monde et surtout au contrôleur débordé que les chiottes de la voiture 14 sont bloqués. Il ne capitule pas et l’envoie bouler! Yes un peu de gnaque dans ce train, que diable!
Je pars en vain, en quête d’une hypothétique voiture-restaurant.
2ième message:
“ Mesdames, hum, Messieurs, hum, il semblerait que le moteur de notre train soit en panne..hum.., nous devrions pouvoir hum, redémarrer d’ici quelques minutes, hum, je vous communique les hum informationbs dès que je les reçois...hum. Merci de ne pas descendre sur les voies...Merci hum.”
Quelques dizaines de minutes plus tard , alors que nous allons tous mourir d’apoplexie, nous redémarrons avec le message suivant:
“Mesdames et Messieurs, nous repartons merci de regagner hum, vos places et de fermer les hum,portes.”
Hallelujah.
15 minutes plus tard nous arrivons en gare de Langon, et on nous annonce que le train va être immobilisé environ 50 minutes le temps de changer de locomotive.
Youpi!
Dans mon wagon c’est l’hystérie collective, je pense trés fort : ”laissez moi sortir je vais tous les tuer”. La chaleur étouffante me provoque un délire. Je m’imagine avoir à survivre plusieurs mois dans ce wagon avec ces gens, à qui je devrais voler de l’eau et de la nourriture. Je m’y crois déjà comme dans le film tiré d’une histoire vraie des survivants d’un crash d’avion dans la cordillière des andes, qui deviennent cannibales. C’est le remake dans un train de campagne, je suis l’une des actrices principales.
Moi en premier, je mangerais l’ado timide et potelé qui supporte la vieille cresselle depuis le début. Il a l’air bon et sucré.
Ouf! Ils ouvrent les portes, il était temps j’étais en train d’imaginer comment je ferais cuire l’ado à la broche avec la béquille de la vieille cresselle, en faisant brûler les téléphones, les casquettes, et les lunettes de soleil d’Hassan et Mouloud.
Une bouffée d’air, les pieds sur la terre ferme, un twix, un petit “Killin’ in the Name” dans l’Ipod un coup de fil à mon homme, ça va mieux, j’ai retrouvé un état presque normal et resigné malgré ce contrôleur insupportable qui nous hurle toutes les 30s de nous éloigner de la bordure des quais, car les autres trains, eux, ils roulent, et sans s’arrêter dans cette gare merdique.
C’est alors que je découvre la conductrice de notre train. Rouge, bouffie, 1m90, 150kg au bas mot, elle descend de la locomotive comme une balle et fend la foule des passagers en faisant mine que tout va bien, elle traverse les voies exactement comme il ne faut pas faire et nous la voyons à une cinquantaine de mètres s’étriper avec les contrôleurs.
Ce qui n’empêche pas l’autre Gino de continuer à nous hurler d’un ton hitlerien de nous éloigner de la bordure du quai...
Bon sang on n’est vraiment pas sorti de l’auberge...
Des trains passent, encore et encore. Le notre ne bouge pas, encore et encore...
47 minutes plus tard la conductrice jaillit hors du poste de contrôle, et grimpe dans une nouvelle locomotive, comme BB aurait enfourché sa harley à la belle époque de gainsbar, enfin en nettement moins sexy... Disons comme un elephant de mer regagnant sa banquise.
Elle recule, disparaît de notre vue, puis réapparait, passe devant nous, s’éloigne, disparait à nouveau, puis réapparait et avec la douceur d’une Marianne manipulant notre éclairage de jardin, elle raccroche la nouvelle locomotive, à l’autre toute pourrave...
Enfin, nous regagnons nos places, c’est reparti pour 3 heures jouissives en compagnie de Mouloud, Hassan, et toute la clique...
Mon amoureux m’envoie des charades pour m’occuper, et pour éviter surtout que je devienne folle...
2h45 plus tard, le train freine. Je n’y crois pas sommes nous en train d’entrer en gare de toulouse?
Non, n’importe quoi... Nous sommes juste en train de ralentir comme ça pour rien.
C’est donc à 6km/h que nous entrons dans Matabiau, 35 min plus tard.
Il est 23h49, le métro c’est mort. Heureusement ma colloc a pitié et viens me délivrer de l’enfer des rails.
Je pense à une adaptation cinématographique, genre “speed”, ce bus incontrolable et piégé qui traverse les Etats-Unis à grande vitesse, menacant la vie de ses passagers.
Là ça serait plutôt “Low”, le train de l’angoisse qui ne roule pas ou alors trés doucement menacant de tuer ses passagers d’apoplexie ou d’ennui, ou d’énervement....
Le casting de la conductrice va être chaud.
Et dire qu’à l’heure où vous lirez ces lignes, j’aurais réhitéré avec un Toulouse - Paris en bonne et dûe forme...
Sic.