La vie en presque rose dans la ville rose...
vendredi 22 juin 2007
15 ans de fan attitude, et enfin 1 concert...
ça y est ! le grand jour est arrivé, c’était mardi soir...
Une escapade aller-retour à Paris, rien que pour ça.
Pour patienter le mardi aprem, j’ai visité Montmartre.
Comme d’habitude, ça a l’air incurable, on m’a pris pour une anglaise...
Pas une seule fois, on ne s’est adressé à moi autrement qu’en anglais, pratique pour se débarrasser des caricaturistes de la place du Tertre, ou des blacks du Sacré cœur avec leurs fils tressés...
J’ai visité une expo sur Dali, très chouette. Des dessins, des peintures, des sculptures, et des symboles, beaucoup de symboles: des montres molles, des fourmis, des éléphants, des papillons, des escargots, de l’amour, de l’amour....
Je retiens aussi une belle série de portraits en noir et blanc, qui illustrent des phrases du génie catalan, aujourd’hui devenues cultes:
“- Quelle la différence entre un fou et vous?
- la différence c’est que moi, je ne suis pas fou...
- Pour vous, qu’est-ce que la laideur?
- le désordre.
- Qu’est-ce que la beauté?
- l’harmonie (tout à fait d’accord avec lui sur ce point.)
ou encore: “Le surréalisme c’est moi ! “
Mais il est déjà temps de rentrer et de passer aux choses sérieuses.
Me voilà, toute pomponnée, fin prête pour le concert de ma vie, à bord de la ligne 14 direction Bercy. Je ne réalise pas encore ce qui va m’arriver...
Dans le métro, j’observe les gens, et tente de deviner ceux qui comme moi s’arrêteront à Bercy. Je vois juste.
Voilà, Bercy se dresse devant moi, immense, tout de vitres miroitantes et d’herbe, bien moins belles que celle de notre jardin (hein, Marianne?... ).
Deux heures à l’avance, j’entre et pars en quête de ma place. La fosse est déjà pleine et en pleine forme, je me félicite du haut de mon mètre soixante qui ne supporte pas la chaleur d’avoir opter pour une place assise...
Bon sang, ils sont là quelque part dans ces quatres murs...
Je ne me lasse pas de regarder la diversité de leur public : du Hell’s angel sur le retour, à la boubourge hypercoincée, de la gamine de 5 ans, à l’ado boutonneux, des italiens, des espagnols, des anglais, des américains, des familles, des gothiques, des midinettes, des sosies de Tyler, des vieux au t-shirt délavé de la tournée d’ya 15 ans, et moi et moi et moi....
Je vous passe les détails de l’attente interminable qui précède leur arrivée, une première partie merdique, 3 ados, cheveux longs blonds et gras, se croient dans le garage de leurs parents, de la merde ricaine en barre...
La fosse trépigne moi aussi....
Mais l’heure approche, un changement de plateau, puis..
Les lumières s’éteignent, seules les bordures de la scène s’illuminent...
Mon cœur bat la chamade... il pourrait sortir de ma poitrine d’un instant à l’autre....
ça y est, il est là, une de mes dernières idoles vivantes, je l’entends arriver dans un râle interminable, mon cœur va lâcher, sa silhouette dégingandée apparaît sur l’écran géant, j’ai des frissons, il est là en vrai sous mes yeux ébahis: Steven Tyler, le vrai et son micro paré de foulards panthères...
ça doit être ça le charisme...
Les larmes de joie coulent, je ne peux pas lutter, je n’y vois plus rien, c’est eux enfin!
En chair et en os, j’ai 12 ans à nouveau, je me revois dévorer leur autobiographie intégralement en anglais page par page, mot par mot, au lieu de faire mes devoirs, je les connais par cœur....
Ils sont là devant moi. Au complet, au taquet...
Ils sont loin les Toxic Twins, il est loin le temps où Steve s’écroulait au milieu du show, trop camé pour tenir debout, ces deux là ils enterreront les plus fougueux d’entre nous...
Ils assurent le show impeccable, d’un bout à l’autre....
Joe Fucking Perry est beau comme un dieu, beau comme s’il avait 20 ans, chemise en satin ouverte sur son torse imberbe et musclé, il est classe, tout de noir vêtu recroquevillé sur sa guitare électrique, un virtuose soliste tout en discrétion, sous sa tignasse noire sublime, on ne distingue que sa moue boudeuse...
Steve, lui bien-sûr, c’est tout le contraire, il est la provocation incarnée, personnifiée...
Affublé d’une tenue taillée sur mesure, un fûte archi-moulant mi-sky rouge, mi-paillettes, mi-jean, mi-peau de serpent, sur ses fesses une paire d’yeux nous scrutent, une veste queue-de-pie effilochée, qu’il s’arrache rapidement, dessous un marcel blanc, lunettes noires... Un harmonica caché dans sa poche...
Ses cheveux méchés sont aussi ébouriffés que les miens le matin quand j’ai dormi avec les cheveux mouillés. Il transpire la provoc.
Il hurle, il grince, il miaule, sa voix est inimitable, son attitude sur scène aussi, il saute en l’air, il se roule par terre, il escalade les barrières, balance son micro en cercle au-dessus du public en transe. Il nous soumet une belle collec de gestes obscènes: il fait l’amour à un ventilateur géant, il se tripote, soulève son marcel, sur son ventre il est écrit au feutre noir : “Lèche-moi” en français svp, quel sens de l’hospitalité...
Il est partout et nulle part à la fois.
Devant la scène des fans hystériques brandissent des banderoles déclamant leur amour, il leur en arrache une des mains, l’accroche à sa ceinture pour la durée du concert, et leur répond les yeux dans les yeux à plat ventre sur scène, show privé pour téléphone portable: “ I love you too baby...(clin d’oeil)”
C’est bien lui... N’importe qui serait ridicule en se comportant de la sorte, attifé n’importe comment sauf lui... et Iggy dans ses jeans en plastique transparent, service trois pièces apparent...
Les chansons s’enchaînent, toutes les époques se succèdent, bon sang! ces types ont pas loin de 60 balais, c’est dingue, des images de leurs clips cultes en fond de scène, sa fille, Liv, est juste sublime, toute mon adolescence défile...
Sa voix me paralyse, elle sort directement de ses entrailles pour entrer dans les miennes... Caméra embarquée sur son micro, on voit le fond de sa gorge, quelle bouche... Mick Jagger peut aller se rhabiller, quelle fillette.... Et ses yeux noirs, on dirait une sorcière...
Je l’aime...
Tom Hamilton, le bassiste platine et placide, fait trembler mon squelette avec ses lignes de basse hypnotiques et impeccables de régularité; Brad Whitford, le guitariste rythmique, à fond dans son coin, quasi invisible et le batteur bourré de tics, Joey Kramer, nous mets en transe, à peine perturbé quand ses potos slamment sur ses fûts, qu’à celà ne tienne, il tapera sur les guitares et les pieds de micro....
Ce sont des bluesmen exceptionnels, vieux ok mais diaboliquement efficaces....
Les lumières s’éteignent à nouveau, les briquets s’allument quelques notes de piano, Steve seul sur l’avancée scénique, au cœur du public de Bercy muet, sous une douche de lumière bleue...
Mes poils sont au garde à vous. Normal, c’est “Dream On”...
Steve annonce la couleur: “For those who think it’s over, it’s never over Motherfuckers ! Dream On !“ (sûrement un message personnel)
Il nous exorte à rêver quoiqu’il arrive on ne sait jamais de quoi demain sera fait...
Steve pousse un cri déchirant, il chuchote et s’époumonne tour à tour:
“All the sins you do, come back to you.. Sing with me, sing for the years, sing for the laugther, sing for the tears, sing with me, just for Today, maybe tomorrow, good lord’ll take u away [...] Listen ! Dream on, dream on, dream on, dream on, dream until you dream comes true....”
Promis Steven je m’y emploierais...
On en a pris plein les mirettes, plein les feuilles, la scène se vide...
Toute les bonnes choses ont une fin, Fanny...
Mais c’est sans compter sur les papys rockers, qui reviennent changés de la tête aux pieds et électrisent le public une dernière fois avec un “Walk this Way” survolté... Ils nous rappellent nos fondamentaux avec un “Mama’Kin” vieux mais pas poussiéreux. Merci d’exister.
Je suis sans dessus-dessous, ils s’en vont pour de bon cette fois, je ne l’ai reverrai sûrement jamais en live...
Je les aime profondément pour les premiers émois musicaux qu’ils ont provoqué en moi, quoiqu’on puisse en penser aujourd’hui, ma vocation je la leur dois...
Pendant une heure après le concert, je ne peux pas parler, rendue muette par l’émotion... Je regarde Bercy se vider...
C’est l’heure de rentrer des étoiles plein les yeux, des perles plein les oreilles...
Fais de beaux rêves, midinette.
Sting à nous deux, british honey, accroche-toi, il va falloir en faire pour me bouleverser comme ça chti pépère dans ton stade gigantesque... Même pas chiche de mettre mes poils au garde à vous!
Prochain objectif: l’Iguane libidineux.