La vie en presque rose dans la ville rose...

mercredi 10 octobre 2007

Morosité 3 - Fanny 0


Pour clore une semaine de loose et morosité totale, j’ai perdu mon adoré Pypa.
Mon papy est parti.
Dans la matinée du 7 octobre 2007.
Il venait d’avoir 82 ans, 4 jours avant que j’en ai 26.
3 enfants, 4 petits -enfants.
Ce n’était ni prévu, ni prévisible, ni accidentel. C’est comme ça.
Une bête infection d’une blessure au pied, à priori bénigne, mal soignée ou du moins trop tard, dissimulée à tout le monde pendant un mois et demi, puisqu’à priori inoffensive.
La réalité: un début de gangrène, oui, oui, en 2007, hors temps de guerre....
Moi aussi je suis tombée des nues. Mon grand-père était fragile du cœur, depuis un infarctus survenu il y a plus de 20 ans.
Son cœur n’a pas résisté à cette énième fièvre, et cette douleur insupportable.
Il a déjeuné avec sa petite femme, et sa fille (ma tante), s’est un peu plaint de ses douleurs, il a discuté quelques minutes, puis est retourné se coucher.
Il a entamé un nouveau chapitre de son dernier San Antonio (pour les non-initiés, comme moi, roman genre policier de cul), il s’est endormi et ne s’est jamais réveillé.
Il a eu la meilleur mort qu’on puisse lui souhaitais, serein, dans son lit, dans sa maison adorée.
Sans lui elle sera terriblement vide.
La douleur m’empêche un peu d’être objective sur ce qu’il adviendra de ma grand-mère, insouciante qu’elle est depuis un accident en 2000.
Voir souffrir ma mère est insoutenable. Je suis forte pour elle, mais quand elle n’est plus auprès de moi je craque.
C’est la première fois que je suis confrontée à la mort de quelqu’un dont j’étais vraiment proche, de si près, avec tout le cortège de détails sordides.
Mon grand-père était quelqu’un de foncièrement gentil et drôle, malgré quelques déplaisants travers racistes et aigris de la vie, il était terrorisé par la mort, et même si la sienne fût belle, il aurait détesté tout ce business et ses fioritures obligatoires.
Bon j’ai des centaines d’anecdotes hilarantes à raconter sur lui, mais j’en ai simplement pas la force aujourd’hui.
Je l’aimais, je ne lui jamais dit, mais il le savait.

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Je ne voulais pas qu’il parte simplement accompagné par des bondieuseries impersonnelles, j’ai voulu dire avec mes mots la tristesse de son départ au nom de toute la famille.
J’ai donc tenté de lire à l’église, sans trop de trémolos dans la voix, les quelques lignes qui suivent.


“Pypa,

Parce que tu es parti comme tu le souhaitais, sereinement, dans ta maison adorée,

parce que tu as rejoint tes parents et tes chiens chéris Candy, Barbie, Praline, Gamine, Sissi, et ou les autres,

parce que, sans toi, cette maison sera terriblement, cruellement vide,

parce qu’hier et avant-hier, en pensant à toi, j’ai au moins autant ri que pleuré,

parce que, Bob, ta coquetterie nous fera toujours sourire,

parce que t’entendre blaguer, nous manquera autant que t’entendre rouspéter pour rien

parce que nous avons tous été rebaptisé par des sobriquets, dont toi seul avait le secret

parce que nous avons tous en commun et en héritage, ton amour des bêtes souvent plus humaines que les humains,

parce que nous promettons de prendre soin de ta compagne de toute une vie, comme tu l’aurais fait toi-même

parce que nous t’aimons tous et te le témoignons aujourd’hui en toute simplicité,

pour toutes ces raisons et toutes celles que j’oublie, tu resteras toujours dans nos cœurs,

Repose en paix Pypa, je t’embrasse Nyfa”

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Puisque là où tu es, y a forcément l’adsl haut-débit illimité gratuit et en wifi, et que tu as enfin sûrement dû comprendre ce que c’était, j’ai quelques petites choses à rajouter.

La France a battu les All-Blacks, 20 à 18. Joli match tendu. Michalak a assuré enfin.
Marina, ta petite-fille de 13 ans, n’a pas eu le temps de venir te l’annoncer plus tôt elle le regrette, mais elle sait que ce score te ravira.
On veillera bien sur tes petites chiennes, et on nourrira tes oiseaux, tes mésanges charbonnières et tes écureuils, qu’ils se balladent toujours sur le balcon de ta chambre.
Tes copains, Mr L et Mr B étaient atterrés par ton départ, qui va leur raconter des blagues de cul, entre deux rayons au supermarché ? Et Maurin à qui va-t-il raconter des plans cul ?
Marina et Valentin ont retenu par cœur les chansons paillardes que tu leur a appris, ils transmettront.

Ah et puis Papy, tu sais quoi?
Tu savais déjà un peu mais tu ne voulais pas poser de questions, eh bien, je rend un homme heureux... enfin je crois, depuis quelques temps déjà.
J’ai pensé à toi très fort, pendant mon voyage en espagne, je voulais t’amener voir les animaux en semi-liberté, tu aurais adoré.
Et Pypa, promis je ne deviendrais pas, je te cite “un sac d’os qui prétend être une femme, alors qu’il y a tellement d’espace entre ses jambes qu’on pourrait y passer un sac de patates”.
Je resterais comme je suis : ta Nyfa.
Je t’aime.