La vie en presque rose dans la ville rose...
lundi 28 janvier 2008
R.I.P
Alors voilà, je vous l’ai caché pendant plusieurs jours, besoin de digérer la nouvelle, besoin d’en savoir plus avant de rédiger ces quelques lignes...
La nouvelle est tombée, mercredi dernier, tel un couperet sanglant sur mon innocent fanatisme.
J’ai encore tué une de mes idoles. Avec ma poisse indécrottable. Oui, il nous a quitté avant sa trentaine. Cet homme incroyablement beau et fichtrement doué. Évidemment je nous l’ôte au sommet de sa gloire, c’est toujours plus marrant.
Si tu as moins de 30 ans, beaucoup de talent et que je suis fan de toi, inquiète-toi vite.
Je vous sens septiques, vous ricanez, bande de vauriens, et vous vous dites, “qu’est-ce qu’elle dit encore la blondasse?
*****Flashback, le jour du drame, Mercredi 23 janvier 2008, 12h34*****
Alors que j’entame mon huitième jour de formation PAO (ce qui en langage codé signifie que je dors 4h par nuit depuis 8 jours, levée 6h45, couchée entre 1h et 3h, soirées impro incluses), mes yeux rougis par la fatigue et l’effort de concentration pour arriver à appliquer un putain de contour progressif d’environ 4 pixels à la sélection inversée de mon calque d’arrière-plan sans enlever le filtre rendu nuage, ma popine* m’appelle (*ma meilleure amie depuis 18 ans) aux environs de 12h30:
Virginie : - Coucou Popine! ça va???
Fanny : - oui et toi?
V : - Moi ça va. Mais toi? ça va? ça va?
F : - ben oui ça va. Pourquoi?
V : - oh oh, toi t’as pas lu les news...
F : - ben non qu’est-ce qu’il y a encore?
V: - ben... Heath...
F : - ben quoi qu’est-ce qu’il a?
V: (ton précautionneux, conscience du choc que va provoquer la suite de la conversation) - ben il est, hum... décédé?
F : (blanc) - tu déconnes?
V: - ben non.
F: - attends, il est mort?
V: (navrée) - ben oui.
F: - tu déconnes?
V: - ben non.
F: - il est mort?
V: - ben oui.
F: (réalise) - Tu déconnes!!!!!!! Mais, qu’est ce qui s’est passé?
V: - ben ils savent pas. Overdose, suicide....
F: - quoi? mais il vient d’avoir un bébé?!
V: - ben je suis bien d’accord avec toi (ton réprobateur à l’encontre de ces saloperies de junkies qui se suicident dans la fleur de l’âge)
F : - mais il s’est pas foutu en l’air? C’est pas possible? J’hallucine?!
V: - ben ils savent pas, mais bon voilà quoi j’m’inquiétait de ta réaction
F : - ben c’est toi qui me l’apprend, je suis sur le cul là, j’y crois pas., c’est pas possible....c’est pas possible...
V: (navrée) - ben si.
F : - je suis dég’.
V: - j’me doute.
Toute la journée je plane dans un état second, je n’y crois pas. Toute l’aprem, je tends l’oreille vers la radio du formateur en quête d’informations.... nada, rien.
Le soir venu, je me rue sur mon ordi, et là : l’épouvante.
Heath Ledger mon acteur préféré a été retrouvé mort, à peine âgé de 28 ans, nu, face contre terre, des médicaments à proximité du lit dans un appartement de Manhattan aux alentours de 15h30 heure locale, par le concierge de l’immeuble et une masseuse avec qui il avait rendez-vous.
Pendant ce temps 20h30 heure française, je faisais la guignolette à l’entraînement de la Brique.
Je vous éclaire :
Heathcliffe Ledger, sublime apollon australien, qui, après de brèves apparitions dans des séries télé de son pays natal, débuta sa carrière au yeux du grand public et des miens, dans des navets américains navrants du type “10 bonnes raisons de te larguer”, où malgré la qualité chiottesque du scénario, il irradiait déjà d’un charisme prometteur que le radar de Fanny n’avait pas manqué de détecter, l’avenir lui donnera raison.
Sa chevelure rebelle, son adorable minois, et ses sublimes faussettes, ne pouvaient pas rester ignorés des studios hollywoodiens plus longtemps, qui s’emparèrent de la bestiole, pour la propulser dans le navettissime “Chevalier”, premier rôle d’une espèce de comédie musicale chevaleresque anachronique, où chaque apparition du bellâtre faisait dire à Fanny, se tortillant sur son fauteuil rouge, violemment cramponnée aux accoudoirs : “Oh mon dieu!”.
(Quand on connaît mon penchant religieux, on peut aisément en déduire que mon nouveau dieu c’était lui.)
Traumatisés tous les deux par cette période, nous primes des résolutions respectives, que nous avons eu du mal à tenir :
Lui : arrêter les navets, Moi : ne plus rater un seul de ces films.
C’est ainsi que nous retrouvâmes avec un plaisir immense à l’occasion des films suivants:
- “Le Patriote” (il joue le fils aîné de Mel Gibson)
- “A l’ombre de la haine” (avec Billy Bob Thornton et Halle Berry), extrêmement touchant, belle démonstration de son talent
- “ Les Frères Grimm”, où il est le frère de Matt Damon.
- et enfin, là où son talent éclata aux yeux de tous, enfin! : “Le Secret de Brokeback Mountain”.
Je pleurais d’abord de douleur de le voir embrasser un homme et pas moi!!!!!
Puis je pleurais d’admiration, du talent immense avec lequel il incarnait ce cowboy tenu de refouler son homosexualité, le réalisme, la tension, la gêne, l’amour qui se dégage de la scène du baiser des retrouvailles me file toujours des frissons.
C’est dans ce film qu’il rencontra la mère de sa fille, l’actrice Michelle Williams ( vue dans Dawson et qui joue sa femme dans le film), avec laquelle il restera 3 ans, et donnera naissance à une petite Matilda, aujourd’hui tout juste âgée de 2 ans.
On lui connaissait déjà une love-story enviable avec Naomi Watts.
Dans les interviews que j’ai lu de lui, il n’avait de cesse de répéter combien la naissance de sa fille avait bouleversé son existence, combien avoir un enfant permettait de remettre toutes les choses à leur juste place...
Il fuyait les mondanités hollywoodiennes, et ne s’y pliait que pour la promo de ses films, il n’était pas réputé pour ses excès mais pour sa discrétion. C’était le genre d’acteur à s’investir à 200% dans ses rôles. Pas attaché pour deux sous à cette image de bogosse qu’on essayait de lui coller, il se métamorphosait avec une facilité déconcertante. Juste sublime.
En dehors des films que j’ai raté : Le Purificateur, Ned Kelly, les Seigneurs de Dogtown, Frères du désert, Candy, et Casanova; Il joue également Bob Dylan, dans la biographie, intitulée “I’m not there”, que je vais m’empresser d’aller voir jeudi soir, tellement je suis frustrée de me dire que je ne le verrais plus jamais sur grand écran.
Il venait d’achever le tournage de “The Dark knight”, nouveau volet de Batman, sortie prévue l’été prochain, où il incarne le Joker, rôle pour lequel à priori il n’a pas grand chose à envier à Nicholson (voir les bandes-annonces du film).
Pour couronner le tout, il était en train de tourner un film avec Terry Gilliam “The Imaginarium of Dr. Parnassus”, et s’apprêtait à rejoindre l’équipe de tournage à Vancouver.
Alors Heath, darling, bon sang, pourquoi???????
Si j’en crois les dizaines d’articles j’ai lu depuis sa mort, le rôle du joker, névrotique et sombre, l’avait beaucoup marqué, il avait beaucoup de mal à trouver le sommeil, il souffrait de ne pas voir sa fille autant qu’il le souhaitait. Sa santé paraissait fragile ces dernières semaines, on le disait atteint d’une pneumonie. Terry Gilliam, l’ayant vu pas plus tard que la vieille de sa mort, dit pourtant de lui, que malgré ses insomnies, il était jovial et lumineux sur le plateau de tournage et très investi dans le film, il se réjouissait de partir à Vancouver pour poursuivre l’aventure...
Son entourage répète les témoignages affirmant que sa mort est accidentelle.
Je ne veux pas me résoudre à me dire, que cette acteur au talent immense en pleine éclosion, s’est banalement foutu en l’air et gâché comme un connard, seul dans un appart de Manhattan, au sommet de sa gloire, abandonnant sa fille chérie.
Je ne veux pas. Je ne le crois sincèrement pas.
J’ai envie de croire qu’il était surmené, épuisé, insomniaque, et qu’il a connement gobé des cachets sans intention aucune de se donner la mort.
S’il s’avère que j’ai tort ça ne sera qu’une désillusion de plus.
De toute manière le mal est fait, on perd un acteur magnifique, dans tous les sens du terme.
Ce n’est pas un hasard, si un autre acteur que j’admire beaucoup Daniel Day-Lewis (“le dernier des Mohicans”), lui a dédicacé la récompense gagnée aujourd’hui, avec les mots suivants: “ Dans “Brokeback mountain”, il était unique. il était parfait. Et cette scène à la fin dans la caravane, c’est une des choses les plus émouvante qu’il m’ait été donné de voir.”
Plus tard, quand on le questionne sur son hommage, il répond : “ Je suppose que c’est parce que je n’ai cessé de penser à lui ces derniers jours. Je ne l’ai jamais rencontré. Je le trouvais magnifique. J’ai le sentiment que je l’aurais adoré en tant qu’homme. Je l’admirais énormément....”
R.I.P Heath.
Moi en tout cas je ne t’oublierais pas.