
Confortablement emmitouflée dans un vieux jogging atroce et dans le pull en laine angora, amoureusement tricoté par Mamie, qui me donne l’air de peser 270kg ( ce qui explique que je ne le porte qu’à l’intérieur de mon appart); je trainasse et donc je rêvasse...
Je vois d’ici que vous m’enviez mais il n’y a pas de quoi, car en fait je suis en train de couver et d’essayer de me débarrasser d’une mauvaise grippe, avec 39 de fièvre et de sales courbatures, avec une tripotée de médicaments et des milliers de kleenex....
Officiellement 3 jours d’arrêt maladie avec seulement 3 heures de sortie autorisées par jour, dans la pratique, j’ai pris ma journée mais je suis allée chercher du travail pour bosser à la maison (sic); et je vais y retourner dés que possible sinon je vais finir par croire que mon patron a raison et que je suis indispensable...
Pourtant vous verriez ma tronche.. Mon toubib a raison je n’ai le droit d’imposer ça à personne!
Bon toujours est-il que durant mes délires fièvreux, qui me privent de mes amis et de mes trop rares moments de détentes; j’ai eu envie de me souvenir de mes sensations lycéennes, enfin d’une en particulier...
Pas de celle que je ressentais en voyant ma prof de maths me prendre pour une déficiente mentale (eh oui Madame Caubet, je ne vous ai pas oublié, et je confirme que savoir comment marche la fonction f(x)= jesaispasquoi ne me sert strictement à rien dans ma vie d’adulte); non pas de celle là, non...
Pas de celle non plus que je ressentais en voyant des grosses connasses, sans cervelle ni culture (mais avec des gros nichons), sortir avec les mecs les plus cool du lycée. Aujourd’hui je sais pourquoi et finalement je ne les envie plus tellement, enfin bref pas celle là non plus... Je n’ai qu’une chose à leur dire: les temps changent....
Non... La sensation avec un grand “S” que je cherche à retrouver c’est celle que je ressentais à la vue de Florent.... (soupir)
Ah Florent... (re-soupir)
Florent était un être sublimement mystérieux et timide, un an plus âgé que moi...
Quand j’ai découvert son existence il était en terminale 8, alors que j’étais en première. Bon aux yeux de mes amis, il était complètement insipide, pour moi il était un ange personnifié....
J’avoue ne pas me souvenir de comment ça a commencé, mais je sais que ça a duré fort longtemps...
Je me suis même débrouillé pour ramener tous les soirs le cahier de la classe à la vie scolaire, car devinez qui le faisait pour la terminale 8?
Florent, environ 1m80, châtain, les cheveux aux épaules, bouclés, des yeux verts à se damner, une sacoche en bandoulière (beige il me semble avec quelques rayures), un blouson en jean, un style plutôt sportswear, un meilleur ami roux qui s’appelle Xavier...
Florent et moi, vivions un amour magnifiquement platonique et unilatéral de ma part... Quoique....
En effet, aprés des mois et des mois et des mois de soupirs langoureux et de jambes en coton, des centaines de milliers de mots écrits à mes copines pour élaborer des stratagèmes pour lui adresser la parole; alors que ce cher Florent me trouvait “comme par hasard” partout où il allait ... Le GRAND jour est venu...
En effet tous les matins je me rendais au lycée sur mon petit scooter, frigorifiée et régulièrement en retard. Un jour, alors que j’étais à l’heure pour une fois, et que je ne m’étais pas battue avec mon frère pour avoir la salle de bains, devinez qui m’est apparu comme un miracle au détour d’une petite rue à quelques minutes du lycée?
Oui!!! Flooooorrreeeennnnt!!!! Lui-même!!
En chair en os et en bouclettes merveilleuses...
Mon sang n’a fait qu’un tour, mon coeur a manqué de s’arrêter net, et pourtant j’ai rassemblé les miettes de mon courage et je me suis arrêté à sa hauteur.
J’ai levé la visière de mon casque ( mon dieu avec le recul je me dis que je devais à peu prés avoir la même tronche qu’aujour’dhui: le nez tout rouge, les yeux qui pleurent...); il a planté son doux regard vert émeraude dans le mien. Il m’a reconnu c’est sûr!
Moi: “- Heu..Salut...” (ça y est je lui adresse la parole pour la première fois!)
Lui: “- Salut...(sourire sublime, argh rien que d’en parler j’en ai des frissons)”
Moi: “- Tu veux que je te dépose?”
Lui: “ - Ben ouais, ok, avec plaisir”
Moi (qui descend de mon scooter pour lui tendre le deuxième casque): “heu, ok cool...”
Dans mon coeur, dans ma tête, c’est le ras de marée, c’est luuuuiiii!!!! Il a dit oui!!! Il a même dit avec plaisir!!!
Et ben ça y est, il s’assoit derrière moi! Il me tient la taille!! Florent!!! LE Florent!!! Je vais mourir!!!
Aprés 5 longues minutes de silence alors que nous nous apprêtons à franchir le portail du lycée:
Moi: (essayant d’avoir l’air normal et innocent) “ Heu, tu t’appelles comment?”
Lui: “Ben Florent, heu, et toi c’est Fanny, c’est ça?”
Moi (aaaahhhhhhh mmmmooooonnnnn dddiiiieeeeeuuuuu! Il connaît mon prénom???? Comment il sait ça???? c’est incroyyaaaabbbllleee!!!, d’ailleurs je le crois pas, je vais mourir...): “- Heu oui c’est ça, oui, heu comment tu sais?”
Lui: “ Ben je le sais...”
Nous entrons alors dans le garage à deux roues, j’arrête mon scooter, il lâche ma taille, nous descendons du scooter, il retire son casque avec délicatesse et relâche ses merveilleuses bouclettes.
Alors que moi, les mains tremblantes je lutte maladroitement pour enlever le mien et laisse apparaître mon visage chamboulé par le fait qu’il connaisse mon prénom, rougi par le froid et mes cheveux electrifiés par ce satané casque...
Nous échangeons un ou deux regards gênés. Il me remercie poliment.
J’essaie de cacher ma gêne en évoquant que tout le plaisir était pour moi... je lui demande alors innocemment, dans quelle classe il est?
Il me répond: “Terminale 8 et toi en première “bip”? (eh oui je me souviens de sa classe mais pas la mienne (sic))”, bon ben, je te laisse, merci encore à bientôt Fanny?”
Moi: “Heu oui...A bientôt”
Et bien, nous ne sommes plus jamais parlé; mais ce qu’il faut retenir c’est que:
Il savait donc mon prénom et ma classe... Il s’était renseigné, il savait, il s’en souvenait et n’avait pas eu honte de me faire savoir qu’il savait, il SAVAIT!...
J’étais comblée.... Il n’en fallait pas plus pour me rendre heureuse à l’époque!!!
Quelle sensation merveilleuse...
Merci Florent d’avoir fait battre mon coeur comme ça juste en existant pendant au moins deux longues années, car quand je suis passée en terminale, tu étais en prépa maths spé (oui bon c’était un matheux..personne n’est parfait).
Et vous savez quoi? il y a un épilogue à tout ça...
Je suis quasiment sûre ‘(disons à 90%) de l’avoir croisé, alors que nous étions tous les deux en vélo, en sens inverse, il y quelques mois, dans les rues de Toulouse...
Eh bien, Florent a toujours ses bouclettes et ses yeux verts, avec des petits lunettes (normal à force de regarder des chiffres, j’ai appris qu’il était ingénieur), et il me fait toujours le même effet...
Vous avez déjà essayer de pédaler avec des jambes en coton vous?
Au plaisir de te revoir cher Florent.... Au plaisir de ressentir ça à nouveau...
Je mentirais en disant que Florent fût le seul à me faire ressentir cette sensation lycéenne. Je l’ai ressenti à nouveau il y a deux ans
Ce qui me paraît inquiétant, c’est que je ne suis jamais sorti avec aucun de ceux (heu 3 en tout et pour tout) pour qui je l’ai ressenti...
Je dois donc en conclure que cette merveilleuse sensation je la dois à l’amour platonique?
C’est quand même terrible comme constatation non?
Mais finalement ça répondra peut-être à ceux qui se demandent pourquoi je suis moins entreprenante qu’un mollusque timide...