La vie en presque rose dans la ville rose...
jeudi 24 mai 2007
A tiny world...
Pour en savoir plus sur les quebecquiens: http://borntolove.neufblog.com/
En ces périodes d’angoisses déménagementales, ce matin alors que je promenais mon chien, je me suis laisser aller à l’observation d’une “cour de récréé” de crèche.
C’était très instructif...
Pendant que les bonnes femmes censées les surveiller tcharraient entre elles de la cellulite de l’une ou de l’infidélité du mari de l’autre, les bébés probablement âgé de 0 à 3 ans, vaquaient à leurs occupations.
Très rapidement, ça m’a fait l’effet d’un monde parallèle, absolument similaire au notre, mais avec tout en miniature.
Je me suis amusée, à transposer ou à les imaginer dans quelques années...
J’ai rapidement repéré le caïd, chevauchant un tricycle rouge flamboyant, à la conquête du monde qui l’entoure. Il ne supportait vraisemblablement pas ni qu’on touche à sa bécanne, ni qu’on lui barre la route, ni qu’on fasse la requête de monter derrière lui, ni qu’on lui tende la main, ni qu’on lui adresse le moindre gazouilli. Il est comme ça lui, égoïste, autonome, rebelle...
Je l’ai imaginé en jeune loup du barreau, fringuant avocat, à la bagnole luxueuse, ne supportant pas la critique ou la contradiction, fils à papa capricieux.
J’ai aussi rapidement décelé le solitaire, je n’ai pu déterminé si cela résultait d’un choix ou non, toujours est-il qu’il était à part, loin des autres, moulé dans son mini-jean, couche apparente, il regardait mon chien gambader dans le carré d’herbe en face de lui.
Ses petits doigts boudinés enserraient les barreaux, ses yeux étaient fixés dans le vague, il ignorait mes sourires. Il était beau. Il avait l’air nostalgique, pensif.
Je l’ai imaginé, en poète maudit, artiste incompris, solitaire, isolé, utopiste, idéaliste.
Une bande de trois petits bouchons s’acharnaient avec véhémence sur ce qui semblait être un ordi de bébé, ou un genre de téléphone meuglant et lumineux.
Un l’avait sur les genoux, concentré, attentif, il avait bien l’intention de percer le secret de ce joujou et de déterminer quel bruit faisait le chien...
le deuxième assis à côté, semblait l’aider à chercher des solutions, à moins qu’il n’essayait subtilement de lui voler sa place.
La troisième, une petite meuf adorable à bouclettes blondes, observait la scène subjuguée par temps de volonté et d’ingéniosité.
J’ai imaginé les ptis gars, ingénieurs brillants, en lutte pour le poste de leur rêves dans une multinationale. J’ai imaginé la ptite meuf en bimbo éberluée, qui s’étonne de tout, leur secrétaire peut-être.
Un autre petit attroupement a attiré mon attention.
La féministe, en robe à fleurs roses, se battait avec ses compatriotes masculins pour garder le volant d’un tractopelle en piteux état.
Le macho, la poussait, et la malmenait sans ménagement, d’un air de dire “Laisse-moi faire, tu vas en prendre plein les mirettes..”. Elle se défendait corps et âme.
Au milieu un petit, avec chemisette à carreaux, futur politicien en herbe, semblait tenter de pacifier les échanges, en évitant la dispute, il semblait proposer en échange du volant, une poignée de brindilles de platane, minutieusement collectée au préalable.
Autour d’eux, deux spectateurs impassibles et stoïques.
Tout ça s’est terminé, par des pleurs bien-sûr, quand une brindille a malencontreusement atteint la joue de la féministe, déclenchant immédiatement une alarme stridente à faire pâlir de jalousie les banques les plus sécurisées. Le macho a bousculé le politicien, abasourdi par les cris qu’il avait provoqué, et a chipé le tractopelle avec un air goguenard.
Quand le politicien a voulu avoir un mouvement de compassion pour la demoiselle éplorée, celle-ci a cessé net de pleurer, de tout son orgueil, elle s’est levé d’une traite, l’a regardé d’un air méprisant et est partie à la poursuite du tractopelle.
Le politicien, s’en est alors retourné à sa collecte de brindilles de platane.
Les deux spectateurs n’ont pas bronché, comme ces idiots témoins d’accident, qui observe sans rien faire et pour qui “a l’aide” ne veut rien dire. Pfff...
Comme dans tous les microcosmes, il y avait aussi le souffre douleur, tête de turc, torturé par le sadique, qui le retenait prisonnier par sa bretelle, ignorant ses cris de désespoirs. Je les ai imaginés, patron véreux exploitant sans vergogne son employé fauché.
Il y avait aussi un pti gars, environ 2 ans, séducteur, un pti brun aux yeux noirs, avec un polo classieux qui se penchait avec adoration sur un berceau, dans lequel il y avait un autre bébé, dont j’ignore le sexe, et qui devait avoir à peine quelques mois.
Je l’ai imaginé dans les boites de nuit glauques en train de draguer des filles ou des gars ayant moins de la moitié de son âge...
Et au fond prés d’un bosquet, un petit couple qui se tenait par la main et tentait de renifler des fleurs, des feuilles, ou tout ce qui leur tombait sous la main.
Il y avait ceux qui se provoquaient, et qui se couraient après sans jamais s’attraper, comme des racailles et des flicailles.
Ceux qui tombaient en route, ceux qui restaient accrochés aux basques de leurs surveillantes ne se remettant pas que leurs parents, leur ai fait l’affront de les abandonner à de si médiocres conditions.
Ceux qui se charmaient par intérêt au non, ceux qui s’aimaient, ce qui se battaient pour leurs idéaux, ceux qui se laissait faire, ceux qui paressaient, ceux qui agissaient, ceux qui observaient...
C’était passionnant à regarder presque hypnotisant, et étonnant de se dire que même à cet âge que l’on dit complètement insouciant, ces adorables chérubins étaient déjà confrontés aux difficultés de la vie: jalousie, lutte pour son intérêt, solitude, collaboration, amour, convoitise, vol, douleur, autorité, injustice, obstacles, autonomie, guerre des sexes...
Tout ça, mais en mini...